…Ou comment vivre angoisse et émerveillement en une seule et même expérience


Conduire dans Manhattan ? C’est possible ça ?

Lorsque j’ai commencé à chercher des renseignements sur la conduite à New York, je ne trouvais pratiquement aucune information. Je me suis même demandée si des Français avaient déjà roulé dans New York un jour. Et puis je suis tombée sur quelques forums où certaines personnes comme nous souhaitaient en savoir plus à ce sujet.

Les réponses étaient unanimes : “Si vous le pouvez, évitez à tout prix d’aller à New York en voiture“.

J’étais dans le déni. Du coup on y est quand même allés. Et puis comme ce n’était pas encore assez, on a débarqué là-bas le tout premier jour de notre road trip alors que nous n’avions jamais conduit aux Etats-Unis (si vous vous demandez comment on en arrive à faire de tels choix, et bien sachez que moi aussi).

Cette première journée de road trip a été sûrement la plus angoissante… mais aussi l’une des plus belles de notre voyage.

Comment ça se passe la conduite dans Manhattan ? Faisons le point.

SOMMAIRE


C’est comment de conduire à New York ?

Arriver à New York en voiture, c’est avoir droit à une arrivée digne d’une introduction de film épique. On est là, fébrile d’excitation à l’idée de découvrir les gratte-ciels de Manhattan à l’horizon. Et finalement les tours surgissent d’une manière toute autre, inattendue, dans un rétroviseur ou à travers les barreaux d’un pont à double étage. L’Empire State Building jaillit sans crier gare, au moment où vous vous y attendez le moins. Une apparition qui disparaît très vite dans le flou des yeux embués.  

New-York en voiture, c’est longer la presqu’île et apercevoir des avenues aussi immenses qu’un bras de mer entre deux rangées de buildings.

C’est se sentir infiniment minuscule et mourir d’anxiété en comprenant qu’on est en train de circuler au milieu de l’une des plus grosses villes du monde. Des fourmis étrangères cernées par la fourmilière des conducteurs locaux.

Mais rouler à New York, c’est se voir offrir des points de vue complètement inédits. Vous n’aviez pas prévu de voir ça au programme, et pourtant c’est là. Vous vous arrêtez à un feu de circulation et l’air de rien le One World Trade Center se pointe au bout du croisement. Vous empruntez un pont parce que le GPS vous le demande et vous vous retrouvez avec un coucher de soleil sur l’Hudson River avec tout Manhattan en arrière-plan. Vous vivez un film. Le défilé d’une bobine derrière le plexiglas.

Vue de Brooklyn depuis le Williamsburg Bridge.

Conduire à New-York, c’est traverser des quartiers qu’on n’avait pas prévu de visiter et que l’on découvre avec stupéfaction : le Lower East Side – connu pour être le quartier juif – où tous les hommes portent les papillotes et le Borsalino. Ou encore le quartier hipster de Williamsburg, un musée d’art à ciel ouvert.  

Traverser Manhattan en voiture, c’est crever l’écran de cinéma en traversant des endroits tellement célèbres qu’on n’imagine pas qu’ils puissent être réels : se retrouver devant le pont de Manhattan, rouler au pied du One World, être coincé dans les bouchons du Brooklyn Bridge en compagnie des conducteurs New-Yorkais qui partent travailler…

On surprend certains en plein concert au volant de leur voiture. Beaucoup écoutent la radio les vitres ouvertes, un gobelet XXXXL à la main. On se fait dépasser par des véhicules en déperdition où des dizaines de déchets traînent sous le pare-brise et où autant de colliers pendouillent du rétroviseur.

Le Brooklyn Bridge, vu depuis l'étage du dessous, au milieu des autres voitures.

Et les taxis jaunes bien sûr. New-York sans ses taxis jaunes, ce serait désastreux !

Deux taxis New-yorkais et feux de signalisation, à une intersection.

Circuler dans cette ville, c’est aussi être confrontés aux innombrables bouchons, travaux et sens interdits que votre GPS ne détecte pas. C’est se perdre, inévitablement. Une fois, deux fois, six fois (à partir de combien on peut officiellement se déclarer glandu ?)

Mais c’est se retrouver sans le savoir à l’autre bout de la ville, devant des points de vue comme on en a toujours rêvé. Et vouloir toujours plus de feux rouges, toujours plus de mauvaises directions et de ralentissements pour encore profiter encore un peu plus longtemps.

Le pont de Manhattan, vu depuis notre voiture, au bout d'une rue.

Conduire à New York, c’est douter, s’émerveiller, angoisser, s’exclamer, paniquer, savourer et vivre au lieu de visiter.

Prêts à relever le défi ?


Est-ce difficile de conduire à New York ?

Un panneau qui annonce les directions de Manhattan et de Brooklyn.

Contre toute attente, non.

C’est très impressionnant, certes. Mais une fois que vous êtes lancés dans le trafic, vous n’avez de toute façon plus le choix. Vous continuez, et vous vous laissez porter par le flot des conducteurs.

Être deux est un plus car le passager peut aider à indiquer à l’avance les directions afin que le conducteur se concentre pleinement sur sa route. Mais bien sûr, cela ne fonctionne que si vous êtes bons en communication 😎.

Sinon, il suffit de se concentrer et de ne pas paniquer (deux raisons pour lesquelles j’ai refourgué tout le taff à monsieur glandu d’ailleurs).

Comme partout aux Etats-Unis, les routes sont aussi larges que nos 2×2 voies.

Et contrairement à d’autres pays (non, je n’en vise aucun en particulier), la conduite des Américains est super fluide. Ils conduisent comme s’ils écoutaient Pink Sweet en boucle dans leur caisse. Et ils ne klaxonnent pas comme des dégénérés dès que le trafic ralenti de 2km/h…

Donc selon moi, non, la conduite à New York n’est pas si difficile. Dites vous que ce ne sera pas plus compliqué que de rouler dans les villes françaises. En fait, nous avons trouvé la conduite cent fois plus agréable et détendue qu’à Paris (aller on arrête les faux semblants).

Les travaux à New York

New York est une ville qui vit à 1000 à l’heure. C’est une métropole en perpétuel mouvement qui se construit et évolue aussi vite qu’un assemblage de Legos.

Vous croiserez forcément des travaux et déviations dans Manhattan ou Brooklyn. Dans ce cas, suivez simplement les déviations ou le cas échéant, les autres véhicules (au moins au début, pour avoir les premières indications de détour). Si vraiment c’est galère et que la tension monte, garez-vous dès que possible pour étudier la carte et déterminer par où passer.


Comment fonctionne la circulation dans Manhattan ?

Panneau Broadway à côté d'une feu de signalisation, en plein Manhattan.

Comme 90% des villes aux Etats-Unis, la presqu’île a été pensée de manière quadrillée. Rien de plus simple : en prenant la première rue, vous savez que pratiquement toutes les autres seront soit parallèles, soit perpendiculaires. Il n’y a qu’à observer ce morceau de carte pour s’en rendre compte :

Sachez maintenant que la majorité des rues ne portent pas de nom à Manhattan ; elle se distinguent par des nombres.

Toutes les voies verticales sont des avenues (en jaune sur la carte ci-dessous) numérotées d’est en ouest : 1st avenue, 2nd avenue, 3rd avenue, etc.

Les voies horizontales sont quant à elles des rues (en rose sur la carte) et sont numérotées du sud au nord : 1st street, 2nd street, 3rd street, etc.

Ainsi, si vous vous retrouvez à l’angle de la 5e avenue et de la 39e rue vous saurez que la 6e avenue est plus à l’ouest par rapport à vous et que la 42e rue est plus au nord. En revanche, la 23e rue sera beaucoup plus au sud.

Attention, ce système exclu le Lower Manhattan (la zone rosée sur la carte). Le numérotage des rues ne commence qu’au-dessus et s’étend pratiquement jusqu’à la pointe de la presqu’île.

Il n’est donc pas très difficile de se repérer dans la majeure partie de Manhattan, même quand on est dépourvu de sens de l’orientation.

En ce qui concerne les règles de conduite, elles restent les mêmes que partout ailleurs aux Etats-Unis.

🔎 Pour tout savoir sur la conduite aux Etats-Unis et sur les spécificités du code de la route américain je vous renvoie à cet article :
👉 Louer une voiture et conduire aux Etats-Unis


Où se garer à New York ?

Tout d’abord, sachez qu’il est complètement impossible de se garer gratuitement plus de quelques heures (et encore) à New York. Et d’ailleurs, c’est pareil dans toutes les villes des Etats-Unis.

N’essayez surtout pas de laisser votre véhicule dans un endroit normalement interdit, même si vous ne partez que quelques minutes. La police patrouille régulièrement et se montre intransigeante quant aux règles de stationnements. Vous risquez donc une amende, ou pire : de voir votre véhicule se faire embarquer par une remorqueuse. Si vous décidez de le faire quand même, faites-en sorte qu’il y ait toujours une personne qui reste dans la voiture pour la bouger si besoin.

Maintenant que vous avez cette information, vous devez également savoir que les parkings payants sont hors de prix.

La veille de quitter Boston, on a réalisé qu’on devait récupérer notre voiture de location le matin pour être à New York le soir-même. Et c’est seulement 24h avant notre arrivée dans l’une des plus grosses villes du monde qu’on s’est aperçu qu’on devait trouver un moyen de se garer sur place (on était encore novices sur l’anticipation). Au début, la motivation était débordante : « oh bah on va bien trouver ! ». Un temps d’innocence qui n’a duré que quelques furtives minutes. On a vite intégré qu’on allait devoir céder un rein chacun pour se garer trois jours d’affilée. Les parkings payants à Brooklyn affichaient tous un minimum de 150 dollars pour trois nuits, soit les deux tiers du prix de notre logement. Bof, de toute façon c’était ça ou pas de New York du tout. Autant vous dire que le choix a été vite fait.

Donc, la première chose à faire avant de débarquer comme une fleur à Manhattan, c’est de savoir si vous avez besoin de vous garer et si oui, combien de temps. Si vous devez laisser votre véhicule plus de quelques heures, vous devrez réfléchir en amont à une solution.

Situation n°1 : New York est votre première étape.

Je vous conseille alors de récupérer votre véhicule le dernier jour de votre séjour dans la ville. Comme ça, vous n’aurez pas besoin de vous garer et pourrez malgré tout expérimenter la conduite à Manhattan avant d’en partir si vous le souhaitez 😎

Situation n°2 : Votre hébergement propose une place de parking incluse dans votre réservation.

C’est sans doute le meilleur compromis que vous pourrez trouver.

Situation n°3 : Aucune place de parking incluse et New York se trouve au milieu de votre road trip

Dans ce cas, vous aurez deux options.

1 – Mettre le prix dans un parking

votre première solution est de prévoir un budget parking conséquent. Vous pourrez en trouver et réserver un sur ce site. Je vous conseille d’opter pour un parking avec valet ; au moins votre véhicule sera sous surveillance. 

Nous avons laissé notre Ford Escape dans un parking sous-terrain, en confiant nos précieuses clés à un valet qui s’est exclamé dans le célèbre accent américain : « three days ??!! » lorsqu’on lui a annoncé qu’on voulait la récupérer seulement trois jours plus tard. Abasourdi, il nous a informé qu’il allait devoir passer un coup de fil à sa direction pour savoir si c’était faisable. Nous l’avons regardé téléphoner avec anxiété. Au bout d’un moment, toujours au téléphone, il nous a indiqué que c’était OK. Soulagés, on lui a tendu notre carte de crédit. Comme par hasard, celle-ci n’a pas fonctionné. Ni une ni deux, Aurélien a fouillé dans son sac pour en ressortir la somme en liquide. Notre valet, qui tentait de régler la situation avec la dite direction au bout du fil, s’est alors exclamé une seconde fois, d’une façon extraordinairement cinématographique : “Oh he pay cash !!” en levant le pouce. Et pour nous, ça a résonné comme un fabuleux « Welcome to New York City ».

2- Rendre son véhicule et en louer un autre à la fin du séjour

La seconde option – plus technique mais peut-être moins couteuse – consiste à rendre votre véhicule dans une agence à New York et d’en louer une seconde le jour où vous devrez reprendre la route. De cette façon, vous direz adieu au casse-tête du parking.


Conclusion : faut-il oui ou non conduire à New York ?  

En plein Manhattan, à côté d'un bus touristique.

Découvrir New York en voiture a été l’une de mes plus belles expériences de voyage. Et si c’était à refaire, on n’hésiterait pas une seconde.

Si l’aventure vous tente, je ne saurais que trop vous conseiller de vous lancer.

Cependant, vous vous doutez bien qu’on ne se rend pas à New York comme on va à la plage. Il y a tout de même deux ou trois facteurs à considérer avant de se lancer dans le projet. La conduite dans Manhattan (et même à Brooklyn) demande malgré tout une certaine confiance en soi au volant. Donc si vous êtes du genre à paniquer, trouvez le partenaire pour vous remplacer (ou alors prenez des cours de yoga/méditation, au choix). Evitez aussi de choisir Manhattan comme terrain d’entraînement à la conduite américaine (comme certains glandus). Il peut être pas mal de se familiariser un peu avec le code de la route local avant de s’attaquer à l’un des plus gros poissons dès le départ. 

Et voici que s’achève cet article sur la conduite à New York ! J’espère que cela aura pu vous aider et vous inspirer ! Si vous avez d’autres questions à ce sujet, n’hésitez pas à me les poser en commentaires.

🔗 Vous organisez un voyage à New York ? J’ai écrit d’autres articles qui pourrait vous aider à préparer votre séjour :   

👉Première fois à New York : le guide complet
👉Le Métro à New York : le guide ultime pour ne pas se tromper

Et pour vous inspirer, retrouvez également mon récit de voyage à Manhattan :

👉 New-York, l’immersion multidimensionnelle

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