… Ou comment faire trempette dans les marécages


Samedi 13 avril 2019 (jour 14 du road trip) :

Après avoir passé une nuit blanche au motel de l’horreur, nous avons repris la route de bonne heure en direction du parc national de Congaree, en plein milieu de la Caroline du Sud.

Il s’agit d’une forêt de plaine inondable qui s’étend sur près de 11 000 hectares, le long de la rivière Congaree. Le parc regorge d’écosystèmes protégés et présente ainsi une biodiversité extrêmement riche.

Ce jour-là, nous sommes donc allés nous plonger dans ce petit sanctuaire du sud-est des Etats-Unis. Nous y avons effectué un parcours paisible au cœur d’un paysage entièrement marron-vert, peuplé d’arbres et tapissé de marécages.

Un léger avant-goût de bayou louisianais

Je vous laisse plonger avec moi dans cet univers mi-boisé mi-aquatique et vous donne rendez-vous à la fin de l’article pour toutes les infos pratiques !

Le Boardwalk Tour : promenade sauvage sous les feuillages

Après un passage rapide au Visitor Center pour récupérer des infos et une carte, on décide d’entamer la visite du parc par le Boardwalk Tour, un gigantesque et massif ponton en bois qui traverse la forêt sur une boucle d’environ 5 kilomètres.

Un couloir au coeur de la forêt

Ce ponton est très pratique : il permet d’observer tranquillement la faune et la flore environnante sans se perdre.

Mais il se révèle également très photogénique. Son zigzag de planches s’enfonce dans le feuillage luxuriant, formant ainsi un énigmatique corridor au milieu des arbres. La forêt s’étend de chaque côté, dans un enchevêtrement de brindilles et d’herbes folles. Au-dessus de nous, des branches se déploient comme des bras tendus et semble nous envelopper dans un vaste cocon verdoyant.

Un peu intimidés au début, ce décor paisible ne tarde pas à nous plonger dans un profond calme méditatif.

Les arbres ont des oreilles

On tente de s’éloigner un peu des groupes de familles trop bruyants afin de pouvoir pleinement profiter de la nature qui nous entoure.

Le murmure de la forêt nous emplit peu à peu les oreilles : le grouillement des insectes, le frémissement des feuilles, le craquettement des branches…

On essaie de se faire discrets dans la touffeur de l’après-midi. L’humidité est tellement présente dans l’air que nous peinons à respirer. Notre peau est toute moite et nos cheveux poisseux. Par chance, les moustiques ne semblent pas avoir encore débarqué en masse. Seule une petite chenille semble s’être perdue en chemin.

Au début, nous ne faisons que traverser une simple forêt constituée de pins, de hêtres et de châtaigniers. On croise deux serpents, lovés sur de petits tas de branches à quelques mètres de nous.

Carcasse d’arbre couchée au milieu des palmiers nains

Saurez-vous repérer le petit reptile sur cette photo ?

Un peu plus loin, un son mât se répercute à travers la forêt silencieuse. En nous approchant du bruit, on attrape notre paire de jumelles et on l’aperçoit : un superbe oiseau à crête rouge, fermement agrippé à un tronc d’arbre. Il s’agit d’un Pileated woodpecker (un Grand Pic). Le son que l’on entendait n’était autre que celui de son bec qu’iI martelait contre le tronc.

Malheureusement, mon objectif d’appareil photo n’était pas assez performant pour le photographier de près.

Les pieds dans l’eau

Au fur et à mesure de notre progression, la nature reprend de plus en plus ses droits. L’eau grimpe au niveau du ponton, jusqu’à en submerger la surface. Décontenancés, on ne sait pas très bien s’il faut qu’on rebrousse chemin. On ne voit aucun panneau nous indiquant que l’accès est condamné. Et un peu plus tôt, nous avions croisé un couple d’Américains, pieds nus et chaussures dans les mains. On décide de se lancer !

Au début, je répugne un peu à glisser mes pieds dans l’eau verdâtre. Mais très vite, cette expérience insolite devient plutôt amusante. On se retrouve à patauger sur les planches de bois inondées, au milieu des cyprès chauves et des tupélos aquatiques donc les troncs semblent s’être englués dans l’eau stagnante.

Dans le miroir de l’eau, les arbres semblent s’allonger, comme des boules de pâte à modeler qu’on aurait étirés symétriquement. Les troncs, déjà immenses à la surface paraissent deux fois plus grands, et donnent ainsi l’illusion qu’une autre forêt se déploie sous l’eau.

C’est un parc très sauvage. Les hommes y ont construit peu d’infrastructures et laissent la nature environnante s’épanouir comme bon lui semble, sans chercher à la maîtriser. Preuve en est avec cette partie du ponton laissée au bon vouloir de la rivière.

Contrairement à d’autres parcs, on ne s’est pas sentis coupés de l’environnement. Nous étions pleinement immergés dans le paysage ; on ne faisait qu’un avec la forêt.

Forêt enchanteresse

Les petites formes arrondies que vous voyez dans l’eau sont des genoux de cyprès. Il s’agit d’une excroissance des racines qui émergent parfois au-dessus de l’eau.

La forêt s’étire en deux dimensions

Une journée interrompue

La suite de notre visite est quelque peu tronquée : on apprend qu’il est trop tard pour faire du canoë sur la rivière et l’orage qui éclate au-dessus de nos têtes nous empêche d’entamer une autre randonnée. Nous voulions attendre la nuit pour écouter le chant des chouettes rayées et observer le halo des lucioles qui apparemment foisonnent dans ce parc. Mais le temps devient trop incertain et la nuit n’est pas encore prête à tomber. Nous rentrons donc au motel.

À bientôt belle forêt sauvage de Congaree.

Infos pratiques sur le parc de Congaree :

Prix :

Ce parc est gratuit.

Temps de visite :

Selon moi, une seule journée suffit pour profiter du parc. Mais il peut être intéressant d’y rester deux jours afin d’observer les chouettes et les lucioles à la tombée de la nuit. Si le temps nous l’avait permis, nous aurions pu entreprendre une autre randonnée. Et si nous étions arrivés tôt le matin, nous aurions également pu prévoir une visite en canoë.

Meilleure saison pour y aller :

Le printemps et l’automne ! À ces deux périodes, les températures ne sont pas trop élevées et le taux d’humidité est un peu plus faible. Evitez à tout prix d’y aller en plein été à cause des trop fortes chaleurs et des moustiques qui pullulent. En avril, il faisait déjà très chaud (28 degrés environ), mais nous n’avons eu aucun problème avec les insectes.

Que faire et que voir ?

La plupart des activités sont concentrées dans la partie nord-ouest du parc. En plus de la promenade sur le ponton en bois (Boardwalk Tour), vous avez accès à 6 autres randonnées :

  • deux de niveau facile : Bluff Trail (2,9 km) et Sims Trail (5 km),
  • deux de niveau modéré : Weston Lake Trail (7,7 km) et Kingsnake Trail (8 km)
  • deux de niveau difficile : Oak Ridge Trail (15,7 km) et River Trail (16,2 km)

Il est également possible de visiter le parc en canoë/kayak, par la Cedar Creek River. Cependant, vous devrez apporter votre propre matériel. Vous pouvez louer votre équipement et même réserver une visite guidée auprès de plusieurs sociétés comme celle-ci, celle-ci ou celle-ci.

Accéder au parc :

les visiteurs n’ont accès qu’à une toute petite partie du parc. Comme la forêt est protégée, très peu de routes y ont été aménagées. Vous arriverez donc par la National Park Road et pourrez vous garer tout près du seul Visitor Center (Harry Hampton), non loin de l’entrée du parc. Vous devrez ensuite poursuivre à pieds.

Si vous souhaitez parcourir le parc en canoë, il existe deux accès spécifiques au nord-ouest du parc, depuis la South Cedar Creek Road ou la Old Bluff Road, ainsi qu’au sud-est, par la Highway 601.

Où dormir ?

Il existe deux campings à l’intérieur du parc : Longleaf Campgroung et Bluff Campground. Vous devrez impérativement réserver à l’avance. Attention : tous les véhicules y sont interdits. Vous ne pourrez donc pas y installer votre van ou camping-car. Si vous êtes en voiture, vous devrez garer votre véhicule au parking du Visitor Center et rejoindre votre camping à pieds (les deux sites se situent à moins d’1 kilomètre du parking).

Si vous préférez dormir dans un hôtel ou un Airbnb, vous trouverez probablement votre bonheur à Columbia, située à une petite demi-heure du parc.

Si comme nous, votre prochaine étape est Charleston, vous pouvez également vous rapprocher de la ville et trouver un logement abordable sur la route.

C’est ici que s’achève notre immersion au cœur du parc de Congaree. J’espère que ce récit vous aura plu ! Connaissiez-vous ce parc ? Y êtes-vous déjà allés ? Si oui, faites moi part de votre expérience en commentaires ! Si non, est-ce une bonne découverte ? 😊