…ou comment mettre de côté quand tu n’as pas de tune


OK, je vous ai un peu arnaqué avec mon titre aguicheur. Ma réponse à la question est simple : j’ai mis plus de trois ans.

Je l’avoue, il n’y a pas de miracle. On n’économise pas une somme en quelques mois pour un tel voyage, à moins d’avoir de sacrés bons revenus ou bien d’avoir un métier qui permet de voyager.

Peut-être l’avez-vous déjà connu vous aussi: ce dur labeur que sont les économies…

Dans cet article, je vais vous parler de ma dure expérience des économies pour partir trois mois aux Etats-Unis, et ainsi vous montrer que même en se trouvant dans une situation compliquée il est toujours possible de parvenir à ses fins. Il suffit juste d’avoir un peu de courage, beaucoup de persévérance et de croire en ses rêves et objectifs ! En l’occurrence, j’étais encore étudiante et j’avais déjà du mal à payer mon loyer à l’époque où j’ai commencé à vouloir mettre de l’argent de côté. Ça m’a pris beaucoup de temps, mais j’ai réalisé le challenge que je m’étais fixé, et je suis partie.

Bref, tout n’est pas toujours si facile, comme on peut parfois vous le faire croire. Mais avec un peu de détermination, on peut tous y arriver ! La preuve en un article :

Ce que je vais vous raconter dans cet article :

Pour commencer, la petite histoire qui raconte d'où est parti ce projet. Puis, les différentes étapes du processus de nos économies : Phase 1 : déterminer le budget Phase 2 : économiser avec rien Phase 3 (parallèle à la phase 2) : essuyer les coups durs et les baisses de morale Comment avons-nous fait pour ne pas nous décourager et pour tenir bon pendant les moments les plus difficiles Pour résumer un petit peu le tout, l’économie au quotidien : comment avons-nous fait ? Et enfin, partir

La petite histoire de ce projet de voyage…

Un jour d’ennui où je me sentais seule dans mon 18m2 à Villeurbanne, je me suis mise à flâner sur des blogs de voyage. Une envie soudaine d’escapade. J’ai commencé à lire de nombreux articles sur des destinations diverses, jusqu’à ce que je tombe sur un récit de voyage sur les Etats-Unis. Le genre de récit passionnant qui te donne envie de faire ta valise sur-le-champ.

Les US ne m’avaient jamais tentée plus que ça auparavant. Je m’imaginais surtout New-York, Miami et le côté bling bling hollywoodien de la Californie, et ça, je m’en foutais pas mal a priori.

Jusqu’à cet instant où je me suis mise à regarder de plus près, et où j’ai commencé à comprendre peu à peu que la représentation que je me faisais des US, c’était juste un tout petit miniscule % de ce qu’il y avait vraiment à voir dans ce pays.

Je crois que le déclic des Etats-Unis est venu de là : de cet incommensurable écart qu’il y avait entre la vision que j’en avais avant et la découverte soudaine d’un territoire incroyablement diversifié. Et pas seulement pour les paysages, mais également en termes de cultures et d’expériences. En d’autres termes : je me suis pris une claque dans la tronche.

J’ai ensuite découvert qu’il existait un visa pour partir 90 jours sur le sol américain. J’avais lu les récits de personnes qui l’avaient déjà fait et je me suis dit, tant qu’à partir loin, pourquoi ne pas en profiter ? Et surtout, j’ai réalisé que c’était le moment ou jamais pour le faire. Après, on ne sait pas ce que notre vie sera : si on s’installe, si on trouve un super job… Comment on fera pour partir trois mois en roadtrip ?

Et c’est là que le projet a démarré.

Phase 1 : déterminer le budget

Le jour où j’ai eu le déclic, je me suis abreuvée de récites en tous genres. Au bout de quelques heures, j’avais déjà une idée bien précise de ce à quoi allait ressembler mon voyage : on partirait trois mois sur les routes américaines, d’est en ouest, et on logerait dans des motels sans réserver à l’avance.

Suite à cela, l’une des premières chose que j’ai faite, c’est de calculer le budget dont j’aurais besoin pour partir trois mois. Avion + location de voiture + nourriture + hébergements + activités… Quand le verdict est tombé sur la calculette virtuelle, je suis restée bloquée devant l’écran de mon ordinateur.

Tadaaaaam ! Dix mille euros. Ok, si je l’écris en chiffre on se rend mieux compte : 10 000. Il y a quand même quatre zéros derrière le chiffre 1 🤔. Mais ce n’était pas fini : il était ensuite question de partir à deux !

Et hop ! On remplace le 1 par un petit 2 !

Je ne me suis pas démontée. Je me suis dit, Ok, c’est beaucoup d’argent, mais la première chose dont je suis sûre, c’est que je n’ai pas envie de me priver pendant ce voyage. Vous me direz que j’aurais pu faire le choix du stop en sac à dos, ça aurait été nettement moins coûteux. C’est vrai, mais ce n’était pas ce que je voulais, tout simplement. C’était un roadtrip ou rien. Et puis, comment visiter mieux les Etats-Unis qu’en voiture ? C’est LE pays du roadtrip, le pays où la route est tout aussi mythique que les paysages ou les villes ; ça fait clairement partie du patrimoine là-bas. Alors go pour économiser, peu importe le temps qu’il faudra.

Phase 2 : économiser avec rien.

La première année où j’ai décidé de me lancer dans ce projet (un projet qui semblait complètement fou à ce moment-là), j’étais en train de terminer ma première année de Master à Lyon. J’en ai parlé à mon copain, qui au départ n’était pas trop chaud (voire pas du tout en fait). Mais à force de lui montrer tous les jours des photos des endroits où je voulais aller, il a commencé à se dire que finalement, ça en valait peut-être la peine. Comme pour moi, le cliché New-York/Floride/Californie s’est peu à peu effacé pour laisser place à une soif des grands espaces, une soif de route et de liberté.

A ce moment-là, Aurélien faisait de petites missions intérim. Il en a profité pour commencer à économiser. Nous avons décidé que chacun d’entre nous économiserait 10 000. Comme moi je ne touchais que dalle à ce moment-là et que les maigres sommes que je gagnais en faisant du baby-sitting me servaient juste à payer mon loyer, je ne pouvais rien mettre de côté.

Puis Aurélien est venu me rejoindre à Lyon. Il a entamé un nouveau job pendant que je terminais mon Master. Et pour économiser un max, nous avons fait le choix de rester dans mon petit appartement de 18m². Et on a fait ça pendant un an. (Oui. Avec du recul, on se dit qu’on a réalisé un truc proche de l’exploit).

L’année suivante, en 2016, j’ai entamé mon premier travail. Nous avons pu changer d’appartement (question de vie ou de mort) et avoir une vie un peu plus décente. Avant d’économiser moi-même, j’ai fait le choix d’aider Aurélien à atteindre ses 10 000. J’ai donc payé toutes les charges : loyer, électricité, courses… (Je ne vous cache pas qu’en prenant ce genre de décision, mieux vaut avoir une confiance absolue en son homme !) Chaque mois, il pouvait facilement mettre 500 à 700 euros de côté, voire plus dans les meilleurs périodes : pas d’enfants, pas encore d’impôts à payer… c’était le bon moment. A l’été 2017, il avait atteint la somme. La moitié, enfin.

Nous avons ensuite échangé : Aurélien s’est mis à payer tous les frais et moi, j’ai commencé tranquillement mes économies. J’ai pu mettre de côté très vite. Au bout d’un an et demi, j’ai également atteint mes 10 000.

Trois ans, ça peut paraître long. Mais 20 000, c’est une grosse somme quand on part de rien.

Phase 3 (parallèle à la phase 2) : essuyer les coups durs et les baisses de morale

Début 2017,notre fidèle Clio II nous a lâchés, définitivement. L’achat d’une nouvelle voiture, essentielle pour aller travailler, a ralenti de beaucoup nos économies. A l’origine, selon nos plans, nous aurions pu partir au printemps 2018. Nous avons dû repousser notre voyage d’un an. Gros coup dur.

Par ailleurs, je ne vous le cacherai pas, nous sommes passés parfois par de grosses baisses de morale. A aucun moment nous n’avons remis notre projet en cause, à aucun moment nous nous sommes dit : « est-ce vraiment une bonne idée, ne devrions-nous pas laisser tomber ? ». Mais il faut savoir que faire des économies à long terme, c’est dur. C’est dur de voir partir tous les copains vivre des trucs de fou à l’autre bout du monde pendant que toi tu restes cloitré au même endroit ou presque depuis trois ans.

Il y a comme une nette impression de stagner. Socialement et professionnellement parlant. Car oui, ce voyage nous a empêchés d’établir un vrai projet de carrière. J’ai terminé mes études, certes, mais je n’ai enchaîné qu’avec de petits boulots car je ne pouvais pas m’engager dans un vrai CDI. Ça n’a pas été un problème en soi car je ne souhaitais pas m’installer si jeune, mais j’aurais pu bouger ailleurs en France et me constituer un CV plus solide.

Et puis le pire, je crois, c’est de ne pas partir en vacances du tout. Voir sa famille et ses amis s’en aller alors que toi tu restes dans ta ville à bosser tout l’été, sur le moment ça te donne un peu envie de hurler.

Comment palier à ça ?

Economiser à deux

Déjà, le fait d’être deux est indéniablement un gros avantage. Sur le plan psychologique pour commencer : on se soutient, on se comprend, on partage nos craintes, on se rassure. Surtout, on en parle, on rêve ensemble. Quand ça va mal et qu’on a un coup de blues, l’autre est là pour redonner un peu de pep’s.

En parler à un ami ou à un membre de la famille, ce n’est pas pareil car cette personne ne vous comprend pas, du moins pas tout à fait. Et ce pour une raison simple : elle ne part pas avec vous.

Peut-être pense t-elle même que c’est un projet fou qui vous a traversé l’esprit, que vous reviendrez les pieds sur terre et qu’en réalité vous ne le ferez pas.

A deux, c’est aussi plus facile de mettre de côté. On ne porte pas tout seul le lourd fardeau des économies. Se restreindre à deux, ce n’est pas la même chose que se restreindre tout seul. Dès que l’un a envie de céder à une tentation forte, l’autre est là pour dire stop. Et puis 20 000 euros à deux, c’est aussi rapide à économiser (si ce n’est plus) que 10 000 euros tout seul. Déjà parce qu’il y a deux salaires mais aussi parce qu’on partage les frais.

Cependant, ça ne fait pas tout. Au jour le jour, quand on a la tête pleine de rêves et une envie tellement forte de partir qu’on pourrait tout claquer et s’en aller là-tout-de-suite-maintenant, les mois deviennent soudainement très longs et la vie de tous les jours bien monotone.

S’abreuver de récits

Du coup, le véritable secret pour occuper mon esprit au quotidien et m’aider à patienter, ça a été de voyager indirectement. D’abord, j’ai lu, lu et lu encore et encore des centaines de récits sur les Etats-Unis. J’allais sur des blogs, je discutais avec des gens qui étaient déjà partis ou qui vivaient là-bas, on se rendait sur des salons du voyage pour rencontrer des gens qui connaissaient le pays et se renseigner.

Organiser

Et puis, dans un second temps, avec tout ce que je lisais et toutes les infos que j’avais accumulées au fil du temps, j’ai décidé par la suite de constituer mon propre guide des États-Unis. J’ai listé tous les endroits que je connaissais et noté les avis de ceux qui y étaient déjà allé ainsi que les petits renseignements utiles (horaires d’ouverture, site internet, parkings, les distances entre chaque destination, etc.). J’y ai inclus un carnet avec plein d’adresses de restos ou d’hébergements. J’ai aussi noté les plus belles routes à emprunter mais aussi celles à éviter. En gros, c’est près de 200 pages de notes et d’informations !

–> Lire, écrire et organiser a été ma façon de me défaire un peu de l’impression de stagner à fond. J’avais la sensation que plus je me documentais sur le pays, plus je me rapprochais de mon voyage. C’était un moyen de m’y évader un peu déjà. Et puis, préparer ce guide permettait de me rassurer, de me dire que oui c’est sûr, on va partir.

Bien sûr, je ne vous vends pas – à vous qui me lisez et à ceux qui entrent peut-être dans une longue période d’économies – un remède miracle garanti 100% anti-déprime. Chacun sa solution ; celle-ci a été la mienne.

Le mieux (ou le pire), ce sont les derniers mois avant le départ : c’est la vraie organisation du voyage, les premiers achats. Et là, c’est du concret, on est déjà un peu en train de partir. Je ne vous parle même pas de l’état d’émotivité dans lequel on était quand on a imprimé nos billets d’avion…

L’économie au quotidien : comment avons-nous fait ?

Pas de secret : pour économiser, il n’y a pas le choix, il faut tôt ou tard commencer à se restreindre.

Déjà, je vous l’ai dit plus haut, nous avons sacrifié notre espace vital pendant un an en cohabitant dans un 18m2. Ça a beaucoup joué.

D’autre part, on a commencé à freiner les dépenses : pas d’achat inutile, pas de restaurants, pas de fringues pour se faire plaisir, pas de déco dans l’appartement, pas de vacances l’été – juste des week-ends ou des sorties à la journée, la plupart du temps sans activités payantes… Ce n’est pas une partie de plaisir, on le reconnaît. Mais avec la perspective du voyage qui nous attendait, on tenait bon.

Nous avons aussi mis de côté tout ce que nous pouvions : dès que l’on recevait de l’argent (pour Noël notamment) on le mettait directement dans les économies. J’ai aussi grappillé un peu de sous en travaillant dans ma ville comme secrétaire suppléante aux élections présidentielles et législatives de mai et juin 2017 ; nous avons également fait du pet-sitting (garde d’animaux)…

Bref, de telles économies, c’est beaucoup de travail et beaucoup de sacrifices. Mais si c’est pour un projet qui vous tient plus que tout à cœur, alors ça en vaut la peine.

Enfin, Partir

Ce choix que nous avons fait, beaucoup ne le comprennent peut-être pas. Trois ans pour partir trois mois : à quoi bon ? Si c’était à refaire je le referai sans hésiter. Parce que ces trois ans nous permettent de partir jeunes et de vivre notre voyage en parfaite autonomie et de la façon dont on l’avait rêvé.

Nous n’avons pas été malheureux pendant cette période. Loin de là. On ne s’est pas privés de tout non plus. On continuait de voir la famille et les amis autant qu’on le souhaitait. Comme je l’ai dit juste avant, nous ne sommes pas dépensiers.

Le seul truc qui nous a réellement manqué, c’est de bouger, de voir du pays, de prendre l’air bien comme il faut. On ne se sentait pas vraiment libres : on ne pouvait pas se dire du jour au lendemain : « tiens et si on partait en Italie aux prochaines vacances ? ». Ce projet – qui est en soit un besoin de liberté – nous a paradoxalement enchaînés le temps des économies. Dès qu’il s’agissait de mettre les pieds en dehors de la région, il fallait tout calculer.

On s’est quand même fait plaisir à quelques reprises, quand on n’en pouvait vraiment plus et qu’on était sur le point de craquer. C’est comme ça qu’on est partis trois (ou quatre) jours à Londres (voir le récit ici) en plein hiver. Mais on savait qu’en faisant ça, on retardait encore un peu plus nos économies. Dur.

Cependant, rien que d’avoir réussi à le faire, j’ai l’impression d’avoir accompli un truc impossible. Même si le voyage aux États-Unis devait se révéler merdique (et j’ai de sérieux doutes que ce soit le cas), on aura atteint l’objectif qu’on s’était fixé.

Et puis tout ça, ce n’était pas pour rien. La perspective du road trip a toujours été plus forte que tout. On voulait un voyage de rêve, le voyage d’une vie. Il y a trois ans (et maintenant quatre), ça me paraissait monumental, presque irréalisable malgré ma détermination. Ce road trip m’apparaissait comme un fantasme, comme si je n’allais pas véritablement le faire, comme si c’était une illusion. Et pourtant, le jour où j’écris cet article :

J-40 les gars !