…Ou comment nous avons failli rater notre vol pour les Etats-Unis


10h30 : notre premier avion décolle de Paris Charles de Gaulle. Pour l’instant, on percute assez difficilement ce qui nous arrive. On doit se concentrer un max pour notre escale d’1h15 qui s’annonce… sportive.

Aux alentours de 11h30, on atterri à Francfort. Le stress monte : il va falloir que l’on coure pour trouver notre correspondance car d’après ce qu’on nous a dit, l’aéroport est gigantesque. Mais comme on est deux, on se dit que ça devrait aller.

Ça, c’était sans compter les contrôles de sécurité.

1h avant l’embarquement

Je passe devant l’agent ; il vérifie mon passeport. Nickel, aucun problème. Puis, vient le tour d’Aurélien. Il montre ses billets et là, ça ne se passe pas comme avec moi. Pourquoi ça ne se passe pas comme avec moi ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qu’on a fait ? L’agent lui ordonne de patienter sur le côté. Intérieurement, la panique monte. On a qu’1h15 d’escale et voilà qu’ils veulent nous faire passer des contrôles supplémentaires ? Je vois déjà notre avion et notre road trip de trois mois décoller sans nous. Mais qu’est-ce qu’on a faaaaait ??

Puis, malgré la panique ambiante qui s’est installée à l’intérieur de ma cervelle, une petite lumière parvient tout de même à se connecter. Je regarde les billets d’Aurélien : un quadruple S est inscrit en bas à droite.

Oui, parce que nous sommes glandus, mais en plus nous n’avons généralement pas de bol (d’ailleurs, si vous ne l’avez pas encore lu, je vous invite à découvrir le merveilleux jour de notre “départ” pour Londres. Vous verrez de quoi je veux parler).

Figurez-vous que ce petit symbole (qui en réalité signifie “Secondary Security Screeening Selection”) est attribué au hasard à un certain nombre de passagers pour chaque vol. Si vous faites partie de la mauvaise loterie, vous est quitte pour passer des contrôles supplémentaires : en gros, ils vont fouiller vos affaires, vérifier que vous ne cachez pas d’explosifs dans votre veste et vous poser quelques questions sur ce que vous venez faire ici.

Bref, maintenant qu’on sait qu’on va devoir passer des contrôles supplémentaires (ou du moins Aurélien), nous n’avons qu’une pensée en tête : pourvu qu’ils se grouillent !!

30 minutes avant l’embarquement

Nous avons bon espoir : il n’y a que cinq ou six autres personnes qui ont eu droit, comme Aurélien, au symbole fatidique sur leur billet d’avion. Les agents les emmènent dans une pièce, mais  les accompagnants n’ont pas le droit de les suivre. Je reste donc à l’extérieur et attends sur les chaises positionnées devant la pièce. Je regarde l’heure : il nous reste 20 minutes avant l’embarquement. On va courir un peu, mais ça le fait.

Sauf que quelque chose commence à clocher : Aurélien ne revient pas.

D’autres personnes sont sorties et ont rejoint leur proche. Mais pas lui. Je commence à m’inquiéter de nouveau. Je passe donc la tête dans l’entrebâillement de la porte pour voir ce qu’il se passe dans la pièce et là… pas d’Aurélien.

Maintenant, je peux paniquer pour de vrai. Je m’aperçois alors qu’il y a une autre issue de l’autre côté de la pièce. Je comprends donc qu’il a dû sortir par là et comme il ne me voyait pas à cet endroit, il a lui aussi paniqué (sans penser à faire le tour pour voir si je n’étais pas restée à l’entrée). Pas une trace de glandu mâle à l’horizon. Je sors mon téléphone en panique et tente de l’appeler. Injoignable.

15 minutes avant l’embarquement

Cette fois je ne panique plus, je me liquéfie. Je ne comprends pas sur le moment que j’ai simplement oublié de retirer le mode avion. Pas le temps de réfléchir : mon cerveau a automatiquement enclenché le mode “Alerte rouge. Alerte rouge.” Je tente malgré tout de communiquer avec quelques neurones. J’ai bien dû en trouver un ou deux puisque j’ai fini par comprendre qu’il n’y avait qu’un seul moyen de régler la situation : me diriger vers la porte d’embarquement en priant pour qu’Aurélien ait eu la même idée.

Et c’est là que démarre mon premier défi sportif du voyage. Me voilà lancée à toutes jambes, avec valise énorme, sac à dos et pochette d’ordinateur, dans les allées interminables de l’aéroport de Francfort-sur-le-Main (ceux qui nous avaient prévenu que l’aéroport était gigantesque ne s’étaient pas trompés). Heureusement le numéro des portes est bien indiqué en gros sur d’énormes pancartes au-dessus de moi. Pratique, pour quelqu’un qui possède -50 de sens de l’orientation.

5 minutes avant l’embarquement

Comme l’aéroport est vraiment trop grand, ils ont eu l’idée de placer des tapis roulants à intervalle régulier afin que les piétons puissent les emprunter.

Bon, le paradoxe de ces fameux tapis, c’est qu’ils permettent certes d’avancer plus vite, mais également de ne pas avancer du tout. Certains souhaitent donc les emprunter parce qu’ils ont besoin de se dépêcher (par exemple, pour attraper leur avion avant qu’il ne décolle), tandis que d’autres s’y prélassent tranquillement avec leur énorme valise à côté d’eux, et empêchent ainsi les premiers de passer. Lorsque vous êtes dans la seconde catégorie, vous êtes passablement agacés par ces gens stressés qui courent partout et qui vous demandent de vous pousser un peu pour les laisser passer.

Mais lorsque vous êtes dans la première catégorie, vous regrettez simplement de ne pas avoir le pouvoir de désintégrer tout, absolument tout ce qui se trouve sur votre passage.

Tel était mon état d’esprit lorsque je me suis trouvée à courir à pleine bille et que je devais m’arrêter parce qu’un tel avait décidé de monopoliser l’espace du tapis roulant (oui je sais, ce n’est pas très gentil pour les personnes âgées qui ont besoin de ces tapis).

Du coup, je me dis que j’irais finalement bien plus vite si je me mettais à courir à côté des tapis roulant. D’ailleurs, avez-vous déjà couru à côté d’un tapis roulant ? Avez-vous déjà ressenti cette désagréable impression de courir au ralenti ? Perturbant n’est-ce pas ?

Toujours est-il que finalement, je parviens à ma porte d’embarquement, la sueur sous les aisselles, les joues rouge tomate et le cœur paré à l’éjection. Dans 3…2…1…

Aurélien est là. J’arrive pile au moment où les portes d’embarquement s’ouvrent. Victoire. Après une petite engueulade post-angoisse pour savoir à qui revient la faute de cet épisode malencontreux, on redevient heureux et insouciants. Tels deux glandus ayant déjà oublié toutes les situations stupides dans lesquelles ils avaient pu se mettre auparavant, et prêts pour se plonger dans les prochaines à venir…

Car oui, mesdames et messieurs : la faculté du glandu, c’est aussi de toujours parvenir (ou presque) à se sortir des situations stupides dans lesquelles il s’est lui-même fourré.

Bref, on a failli rater notre correspondance pour les Etats-Unis.